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bâtir pour Dieu

31 Octobre 2012 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Fêtes

Messe de bâtisseurs (cf. messe pour le travail des hommes)

Textes : 2 Th 3.6-12,16 ; Ps 126 ; Mt 25, 14-30

La parabole des talents est bien connue, malgré cela, sa fin est toujours surprenante. On se demande pourquoi le maître est mécontent du serviteur qui a enterré la somme qu’on lui avait confiée. Il a retrouvé son bien, que demander de plus ? En fait l’image ne nous parle peut-être pas beaucoup parce que nous avons  tendance à penser que l’argent est intemporel. Je ne vais pas me lancer dans de hautes considérations économiques, prenons plutôt une autre image : celle de notre église. Nous l’avons confiée aux services techniques de la mairie et aux entreprises. Si nous la retrouvions deux mois et demi plus tard, telle que nous l’avons laissée, et s’ils nous avaient dit : « voilà l’église, elle est importante et vous êtes exigeants, donc nous n’avons rien touché, nous l’avons laissée telle qu’elle était », qu’est-ce que nous aurions pensé ? Je ne crois pas que nous aurions été très contents !

C’est là que nous comprenons la pointe de l’enseignement de l’évangile, et pourquoi ce texte est choisi pour célébrer la messe des bâtisseurs. C’est qu’à travers l’histoire des talents Jésus nous montre le sens du travail. Ce que Dieu nous a confié, il attend de nous que nous prenions soin, et la meilleur manière de le garder, c’est de l’entretenir, de l’embellir, de le faire fructifier. Ne pas toucher, ce n’est pas garder, c’est laisser dépérir et s’user. Le travail est notre manière d’être fidèles à ce que nous avons reçu.

C’est aussi la raison de ce que disait saint Paul aux Thessaloniciens. Il faut dire qu’à l’époque certains pensaient que, puisque le Seigneur allait bientôt revenir, ce n’était pas la peine de travailler. Comme si la proximité de Dieu nous dispensait de travailler ! C’est peut-être vrai au paradis, mais nous n’y sommes pas encore. En fait il y a deux écueils à éviter : celui de croire que prier suffit et qu’il est inutile de travailler : c’est ce que dénonçait la première lecture, et l’autre écueil c’est l’inverse, croire que seul notre travail compte, et c’est ce que dénonçait le psaume : « si le Seigneur ne bâtit la maison, les travailleurs travaillent en vain ». Saint Benoit l’a bien compris, lui qui donne comme devise à ceux qui recherchent la sainteté : ora et labora, prie et travaille.

On peut faire une dernière observation : dans l’évangile, le maître n’attend pas la même chose de tous. Il remet à chacun selon ses capacités, car il attend de chacun selon ses capacités. C’est même pour cela que l’œuvre humaine est belle, parce qu’elle réalise la communion des personnes à travers la collaboration des savoir faire. Et cette église – comme tout bâtiment – en est une belle illustration.

Cependant nous savons bien que l’église visible est signe de l’église invisible, et que le bâtiment renvoie à la communauté qui l’habite. Ainsi ce que nous venons de dire sur le travail est vrai aussi de la vie paroissiale. En matière spirituelle aussi, nous sommes responsables de ce que nous avons reçu. L’évangile nous a été confié, pour que nous le comprenions, que nous en témoignions et que nous le transmettions. Dans l’église aussi, on ne peut pas être juste consommateur ; « celui qui ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus ». Nous n’avons pas tous à tout faire, il ne s’agit pas de décréter une manière unique et uniforme de participer à la vie paroissiale. Chacun est appelé selon son charisme, à prendre sa part dans l’œuvre commune. Personne n’est irremplaçable, dit-on, mais ce n’est pas vrai dans la paroisse où personne n’est inutile, personne n’est superflu, et surtout personne n’est dispensé de faire ce qu’il peut faire … et de le faire le mieux possible.

Aujourd’hui, nous rendons grâce pour ceux qui ont participé à l’embellissement de notre église. Mais nous rendons grâce aussi pour tous les bâtisseurs, tous ceux qui depuis près de 150 ans ont contribué à ce que nous puissions nous réunir aujourd’hui, ici, ensemble, pour rendre gloire à Dieu. Et, en rendant grâce pour le travail des bâtisseurs, nous contemplons la foule immense de ceux qui par leur savoir faire et leur générosité nous permettent d’être à notre tour bâtisseurs de la civilisation de l’amour dans notre paroisse et dans notre quartier.

Que Marie, Mère de l’Eglise nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle nous montre comment nous pouvons accueillir le don de Dieu par notre travail. Vierge fidèle, qu’elle nous encourage à prendre notre part à l’œuvre qui nous est confiée. Reine des Saints qu’elle nous ouvre nos cœurs à la générosité des bâtisseurs pour qu’à notre mesure et selon nos talents nous puissions préparer là où nous sommes la Demeure de Dieu où nous entrerons dans la joie du maître, dès maintenant et pour les siècles des siècles. 

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