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Les pièges de la culpabilité

30 Mars 2025 , Rédigé par mane-nobiscum-domine Publié dans #Carême

4CAA

4° Dimanche de Carême - Année A

1 S 16, 1.6-7. 10-13a ; Ps 22 ; Ep 5,8-14 ; Jn 9,1-41

Dans la préparation au baptême, et donc dans notre marche vers Pâques, après la Samaritaine et le signe de l’eau, voici que l’évangile de l’aveugle-né évoque le signe de la lumière. « Je suis la lumière du monde » dit Jésus, et les textes parlent de voir, du regard qui va au-delà des apparences comme dans la mission de Samuel, mais aussi des ténèbres qui dissimulent le péché comme dans la deuxième lecture. Le terme de scrutin qui désigne la démarche que vivent les catéchumènes, signifie de se laisser scruter par la parole de Dieu. S’agit-il alors d’une étape où l’on doit reconnaître ses péchés ? Sans doute, mais pas seulement. On a beaucoup reproché au christianisme d’encourager la culpabilité. En vérité l’évangile que nous venons d’entendre nous aide au contraire à démasquer les pièges de la culpabilité.

Le premier piège, c’est la culpabilité fausse. Devant la misère de l’homme qui se tenait à la sortie du Temple, les disciples demandent : « qui a péché, lui ou ses parents ? » et les pharisiens l’accusent « tu es dans le péché depuis ta naissance ». Mais Jésus prend le contrepied de cette idée que la souffrance serait une punition. Bien sûr, il arrive que la faute entraine la souffrance, mais ce n’est pas toujours le cas ! On est responsable de ce que l’on a fait de mal, pas de ce que l’on subit. Et pourtant il y a, hélas, des situations où l’on peut se sentir coupable, alors qu’on ne l’est pas … et elles sont souvent dramatiquement douloureuses. Cela peut paraître rassurant d’expliquer une souffrance, mais le plus souvent c’est piège qui prétend justifier ce qui est injuste. Pour sortir de la culpabilité fausse, il ne faut pas laisser les seules émotions éclairer notre vie. La lumière, c’est le Christ et jamais il ne nous a demandé de nous charger des fautes que nous n’avons pas commises !

Mais pour éviter le premier piège, on peut tomber dans un deuxième piège : la culpabilité refusée. On passe de la remarque « nous ne sommes pas toujours coupables » à la prétention « nous ne sommes jamais coupables ». C’est d’ailleurs ce que reproche Jésus aux pharisiens : « parce que vous dites : Nous voyons, votre péché demeure ». On n’est pas dans un monde en noir et blanc : on n’est pas soit saint, soit pécheur. Un proverbe dit qu’un saint pèche sept fois par jour ! Il faut accepter que nous n’ayons pas toujours raison, il faut accepter que nous ne fassions pas toujours ce qu’il faudrait. La culpabilité refusée n’est pas une solution, parce qu’elle empêche de changer ce qui devrait l’être. Elle est d’ailleurs souvent illusoire parce qu’on ne résout pas un problème en l’ignorant. Celui qui n’a rien à se reprocher se trompe sur lui-même. Il faut accepter que la parole de Dieu nous montre nos insuffisances et nos erreurs.

C’est alors que peut survenir un troisième piège : la culpabilité envahissante, celle qui nous paralyse. L’œil dans la tombe qui regardait Caïn, comme disait Victor Hugo. C’est la culpabilité qui confond ce que nous avons fait et ce que nous sommes. Et c’est encore injuste. La lumière du Christ n’est pas un projecteur qui se focaliserait sur nos manquements, c’est un soleil qui éclaire tout, les bons comme les méchants, ce que nous avons fait de mal comme ce que nous avons fait de bien, et surtout ce qu’il nous propose. Le signe qu’il y a un piège à la culpabilité, c’est qu’il n’y a pas d’espérance. Quand Jésus s’adresse à l’aveugle-né, il lui ouvre toujours un avenir : « va te laver », « crois-tu ? ». Il n’est pas un juge, mais un passeur qui permet d’agir. Si la culpabilité envahissante enferme dans le passé, le Christ nous relève et sa miséricorde nous illumine. On se trompe quand on parle de péché sans pardon, comme on se trompe quand on parle de pardon sans péché.

Laissons la Parole de Dieu éclairer nos vies. Elle nous détourne de la culpabilité fausse, elle nous apprend à sortir de la culpabilité refusée, elle nous libère de la culpabilité envahissante. La lumière du Christ nous montre le chemin de la vérité, de la conversion et de la vie éternelle.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des Affligés, Refuge des pécheurs et Mère de miséricorde qu’elle fasse resplendir dans nos cœurs et dans vies la splendeur du Salut, pour que guidés par l’évangile nous puissions avancer dans l’espérance et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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