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7 novembre 2021 7 07 /11 /novembre /2021 14:54

32TOB

32° Dimanche du Temps Ordinaire - Année B

1 R17,10-16 ; Ps 145 (146) ; He 9,24-28 ; Mc 12,38-44

Après avoir averti les foules de se méfier des scribes qui sont plus sensibles aux honneurs qu’ils peuvent recevoir qu’aux services qu’ils peuvent rendre, Jésus appelle ses disciples pour leur faire remarquer le geste apparemment insignifiant d’une pauvre veuve dans la salle du trésor. Sans doute s’agissait-il de prolonger son enseignement en montrant qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que le jugement de Dieu est bien différent de celui du monde ; qu’il est beaucoup plus sûr puisqu’il connait ce qui est invisible aux yeux des hommes. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a dans la remarque du Seigneur une pointe d’admiration pour cette femme qui a mis dans le trésor du temple tout ce qu’elle avait pour vivre. Et ce que Jésus admire, c’est la foi.

Évidemment, le rapprochement avec la veuve de Sarepta au temps du prophète Elie est saisissant : non seulement il s’agit de deux veuves, mais chaque fois, elles donnent tout ce qui leur reste, même si cela paraît dérisoire. En vérité, dans le Temple, on aurait attendu la pauvre femme plutôt au bureau de bienfaisance qu’à la salle du Trésor. Pourtant elle n’est pas venue à Dieu pour prendre mais pour donner. De la même manière, la veuve à Sarepta avait prévu de prendre ce qui lui reste et de mourir, mais à l’invitation d’Elie elle va donner ce qu’elle possède et vivre. Voilà déjà un enseignement qui mérite d’être retenu, un renversement que nous pouvons méditer. Quel est le sens de notre relation au Seigneur : est-ce pour nous ou pour lui ? Vient-on prendre ou donner ? Bien sûr il ne faut pas figer les choses, et la relation à Dieu n’est jamais à sens unique. Il est bon de savoir demander et recevoir. Mais cela nous est plus spontané. Aussi cela vaut la peine – au moins aujourd’hui – de vérifier que nous ne venons pas seulement en profiteurs et que nous savons également être attentifs à donner ce que l’on peut au Seigneur.

Heureusement dans la salle du trésor il n’y avait pas que la pauvre veuve. Il y avait aussi, dit saint Marc, « beaucoup de riches qui mettaient de grosses sommes ». En fait Jésus ne les critique pas et il ne reproche rien à personne à ce moment. Il remarque simplement que les autres ont pris de leur superflu, c’est-à-dire qu’ils ont donné ce qui ne leur servait pas. En soi, ça n’a rien de répréhensible. Bien au contraire ! Il s’agit en fait d’un acte de justice. Et c’est important de le comprendre car bien souvent nous considérons le superflu comme ce dont nous pourrions avoir besoin. Ce n’est pas ici le lieu de disserter sur les dynamiques économiques, sur le statut moral des provisions, ou sur les contours de la prudence. En revanche nous pouvons nous laisser interpeller par cette remarque du Seigneur : est-ce que nous savons, nous aussi, donner de notre superflu ? Et la question subsidiaire qui suit cette première question, c’est : est-ce que nous savons reconnaître ce dont nous n’avons pas vraiment besoin ? Il s’agit ici de vérité et de justice. C’est un discernement que personne ne peut faire à notre place, mais que nous ne devons pas ignorer sous peine de se faire illusion sur notre générosité ou d’être injuste.

Un dernier élément peut nous aider à comprendre la démarche de la veuve de Jérusalem. Dans la salle du trésor, un grand prêtre annonçait à haute voix la somme donnée pour que l’on puisse l’inscrire dans le registre du Temple. En mettant son offrande, la pauvre femme ne se faisait donc aucune illusion sur la publicité de son geste. Mais elle ne venait pas pour les hommes, elle venait pour Dieu. De la même manière, à Sarepta, la veuve connaissait la qualité de prophète d’Elie et c’est en faisant confiance à la parole de Dieu qu’elle accomplit ce qui lui est demandé. Ainsi la générosité de ces femmes est-elle bien un acte de foi. Nous voyons bien qu’il ne s’agit pas seulement de justice, mais d’une démarche plus profonde de confiance en Dieu. Alors, peut-être pouvons-nous encore nous interroger sur nos dispositions. Savons-nous aller jusqu’à cette foi qui donne à Dieu plus que le superflu ? Et il ne s’agit pas ici seulement d’une question d’argent. Le temps que nous donnons au Seigneur est-il seulement l’écume de nos loisirs ? Notre prière présente-t-elle à Dieu non seulement notre richesse mais aussi notre indigence ? Tous les grands maîtres spirituels nous apprennent que Dieu ne s’intéresse pas seulement à nos réussites mais aussi à nos faiblesses, qu’il n’accueille pas seulement nos satisfactions mais aussi nos souffrances, qu’il ne transfigure pas seulement nos bonnes actions mais aussi nos péchés : s’il est important de savoir rendre grâce, il est aussi important de savoir présenter le cœur brisé de notre repentir.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin, qu’elle éveille nos cœurs à la générosité pour que nous puissions être attentifs à ce que nous donnons au Seigneur autant qu’à ce que nous en recevons. Trône de la Sagesse, qu’elle ouvre nos yeux à la vérité de ce que nous avons pour que nos mains s’ouvrent au moins à la mesure de la justice. Refuge des pécheurs, qu’elle nous entraine dans la foi qui élargit nos cœurs aux dimensions du cœur de Dieu pour que nous sachions lui donner de notre indigence et demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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