Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 octobre 2021 7 03 /10 /octobre /2021 13:16

27TOB

27ème dimanche du Temps Ordinaire - Année B

Gn 2,18-24 ; Ps 127 ; He 2,9-11 ; Mc 10, 2-16

« En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus pour le mettre à l’épreuve ». A force de lire les évangiles, on en a l’habitude et cela ne nous étonne pas beaucoup. Mais à la réflexion, on peut quand même se demander en quoi consiste le piège. S’agissait-il de voir à quelle école juridique il se rattachait en matière matrimoniale ? Si les disciples reposent la question de retour à la maison, c’est que la réponse du Seigneur n’était pas si commune que ça ! Et si Jésus prend à contrepied les habitudes consensuelles du temps, on ne voit pas très bien où est l’épreuve ! Cela dit, on n’est pas forcément concerné par les intentions des pharisiens, en revanche on peut réaliser le piège que révèle la discussion rapportée dans l’évangile.

Car la question même « est-il permis » est souvent un piège, surtout en matière de relations ! D’ailleurs l’exemple de l’acte de répudiation est une bonne illustration. En fait, dans toute la Loi de Moïse il n’y a qu’un seul verset sur plus de 5 800 qui parle de cette procédure, et c’est pour statuer sur un cas précis. Il s’agit d’avertir l’homme qui veut se séparer de sa femme de lui remettre un document qui la libère de ses obligations. C’est bien ce que Jésus dit « c’est à cause de la dureté de vos cœurs que Moïse demande cela » … il s’agit d’un devoir de l’homme vis-à-vis de la femme qu’il renvoie et non pas d’un droit. Le piège de la question « est-il permis » c’est qu’on a tendance à transformer les exceptions en règle et de convertir les devoirs en droits. Et ce n’est malheureusement pas réservé aux pharisiens. Si vous considérez les grandes discussions de notre époque celles qu’on dit sociétales, vous remarquerez qu’on plaide les exceptions pour établir les règles et que l’on revendique en droit ce qui relève du devoir.

Où est le problème me direz-vous ? Le problème c’est justement cette dureté du cœur qui se dissimule et invoque la tolérance pour brandir une autorisation. Cette disposition du cœur, Jésus la met en évidence dans sa réponse aux disciples : celui qui renvoie son conjoint pour se marier à quelqu’un d’autre devient adultère. Parce que c’est faire de l’autre un objet qu’on prend et qu’on laisse à sa guise. C’est une absence de considération et de respect. Et d’une certaine manière, toute proportion gardée, c’est aussi ce que Jésus reproche aux disciples dans l’affaire des petits enfants qu’on cherche à faire bénir. Les disciples les écartent vivement, comme s’ils n’étaient pas dignes d’être bénis, alors que peu de temps auparavant, Jésus avait justement pris un enfant pour le donner en exemple – c’est le texte que nous avons entendu il y a quinze jours. Alors, voilà ce qui indigne Jésus : qu’on se permette de juger qui est digne et qui n’est pas digne de considération.

A cette dureté du cœur, qu’est-ce que le Seigneur oppose ? La volonté de Dieu, le Royaume de Dieu. Il invite à regarder les choses non pas au niveau des règles légales ou coutumières, mais au niveau du cœur de Dieu. En rappelant que le mariage est une vocation, qui s’enracine dès la création du monde dans la volonté du Père, en rappelant la gratuité fondamentale du Royaume qui ne demande pas du mérite mais de la disponibilité, Jésus sort du piège de la loi, pour conduire dans le souffle de l’Esprit-Saint.

La première lecture nous rappelait le contexte de la citation de Jésus : la recherche du bonheur, de l’épanouissement de l’homme. Et la deuxième lecture nous rappelait les conditions dans lesquelles Jésus nous conduit à cette gloire : c’est par sa Passion et par sa mort. C’est dans le don de soi, par des souffrances que le sauveur est mené à sa perfection. Ainsi donc ce n’est pas dans le confort de ce qui est autorisé que se trouve le bonheur, c’est dans l’exigence de ce qui est demandé.

Voilà sans doute ce qui nous est proposé comme conversion aujourd’hui. Rechercher ce que Dieu veut plutôt que ce qui est permis ou ce qui ne l’est pas. En essayant de discerner la volonté du Seigneur nous trouverons les moyens de l’accomplir, au lieu de tomber dans le piège de l’égoïsme qui cherche les conditions dans lesquelles pourrait être autorisé ce qui lui convient. Quand on commence à se demander « est-il permis ? » c’est le signe qu’on doit se demander « qu’est-ce que Dieu veut ? »

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle tourne nos cœurs vers les réalités d’en-haut. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à déjouer les pièges de l’égoïsme. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous rende disponibles au Royaume de Dieu pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Partager cet article
Repost0

commentaires