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6 septembre 2020 7 06 /09 /septembre /2020 13:08

23TOA

23° dimanche du Temps Ordinaire - Année A

« Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël » c’est par ces mots que le Seigneur explique à Ezéchiel ce qu’il attend de lui. Et la description plus concrète de cette mission de guetteur ressemble étrangement à ce que Jésus demande à ses disciples : « tu avertiras le pécheur de changer de comportement : s’il t’écoute, tant mieux pour vous deux ; s’il refuse de t’écouter, tant pis pour lui ! » Ainsi, peut-on considérer que le Seigneur nous demande à nous aussi d’être en quelque sorte des « guetteurs de son cœur ». Voyons ce que cela implique. 

Un guetteur doit avoir plusieurs qualités. D’abord il doit avoir une bonne vue, ensuite il doit rester vigilant, enfin il doit pouvoir se faire entendre pour transmettre et avertir de ce qu’il a vu. S’il ne voit rien, s’il ne fait pas attention ou s’il ne peut pas communiquer, il ne sert pas à grand-chose. 

Avoir une bonne vue, pour le guetteur du cœur de Dieu, ce n’est évidemment une question physique. La vue dont il s’agit, c’est la connaissance de ce Dieu attend. Si on ne sait pas ce qu’est un péché, on ne peut pas avertir celui qui le commet ! Ainsi la première chose que nous devons rechercher, c’est la connaissance de la volonté de Dieu. Et pour cela le Seigneur nous a donné sa parole. Il ne nous suffit pas de nous appuyer sur nos émotions ou sur nos idées, il faut que nous nous laissions façonner par la parole de Dieu pour penser comme Dieu pense, pour ressentir ce que Dieu ressent. Le prophète Jérémie prenait l’image du potier qui façonne l’argile. Le potier c’est le Seigneur, et l’argile c’est nous. En lisant la parole de Dieu, en nous laissant guider et transformer par elle, notre cœur se modèle de plus en plus à l’image du cœur de Dieu. Ça ne se fait pas en un instant, ça prend du temps et nous devons développer en nous cette intimité, cette passion pour la Parole.

Mais le guetteur aura beau avoir une bonne vue, s’il ne regarde pas il ne verra rien. Il lui faut donc cette vigilance qui fait le bon guetteur, celui qui ne se laisse pas distraire. Comment pouvons-nous garder cette vigilance du cœur de Dieu ? Par la prière qui maintient notre cœur en éveil. Mais la parole de Jésus nous avertit : la prière n’est pas une affaire purement personnelle : « si deux d’entre vous se mettent d’accord », « quand deux ou trois sont réunis en mon nom ». La prière se déploie en plénitude dans la communion. Bien sûr il y a une dimension personnelle dans la prière, mais si nous croyons que cela suffit nous sommes dans l’illusion. Celui qui pense retrouver Dieu sans jamais rejoindre les autres ne fait que se retrouver lui-même. C’est la raison pour laquelle nous nous retrouvons dans l’église pour célébrer ensemble les mystères du Seigneur : la liturgie est la source et le sommet de la vie spirituelle, c’est elle qui nous évite de nous endormir. 

Pourtant il y a encore une troisième attitude à développer pour être guetteur du cœur de Dieu, c’est la capacité à se faire entendre. Celui qui reste dans sa tour d’ivoire sans partager ce qu’il a découvert ne sert pas à grand-chose. Pourtant celui qui prétend donner des leçons sans les pratiquer lui-même n’est pas plus audible. Saint Thomas d’Aquin remarquait qu’il était difficile de reprocher un péché à quelqu’un si l’on commet soi-même ce péché ou des péchés plus graves. Jésus parlait de la paille et de la poutre. Aussi devons-nous être attentifs à pratiquer ce que nous croyons, et comme dit Saint Paul, l’accomplissement de la Loi, c’est l’amour. C’est bien l’amour de charité qui achève de faire de nous les guetteurs que le Seigneur attend. Dans la correction fraternelle, l’amour se manifeste d’abord dans la discrétion qui est la manière de respecter l’autre, puis dans l’obéissance en acceptant que d’autres vérifient ce que nous prétendons, enfin dans la justice pour que ça ne soit pas une affaire de personnes ou d’émotions mais de vérité. Sans l’amour, le prophète est un idéologue, un moraliste ou une mouche du coche : c’est l’amour qui fera de nous d’authentiques guetteurs du cœur de Dieu. 

« Ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel ». Si nous voulons vraiment que s’accomplisse en nous ces paroles du Seigneur, nous devons être des guetteurs qui voient bien parce qu’ils se laissent façonner par la Parole de Dieu, des guetteurs vigilants parce qu’ils gardent l’unité dans la prière, des guetteurs efficaces parce qu’ils peuvent partager dans la charité. 

Que Notre Dame, avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle dispose nos cœurs à se laisser former par la Parole de Dieu ; Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous garde dans la fidélité à la prière ; Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à aimer toujours plus et toujours mieux, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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