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14 juillet 2019 7 14 /07 /juillet /2019 13:11

15TOC

15° Dimanche du Temps Ordinaire - Année c

On raconte dans les séminaires, qu’un journaliste interrogeait le Général des Jésuites. Il lui demande : « est-il vrai que vous répondez toujours à une question par une question ? » et le prélat de répliquer : « qui vous a dit cela ? ». Si l’on en croit l’évangile du jour, il n’y a pas à chercher bien loin l’origine de cette habitude de la Compagnie de Jésus : chaque fois que le docteur de la Loi lui pose une question, le Seigneur répond par une autre question. Cela dit, au-delà de l’exercice rhétorique – au moins pour le sujet de la discussion – cette manière de faire est révélatrice de belles choses. 

D’abord cela manifeste l’estime que Dieu porte aux hommes. Sur un sujet aussi important que la vie éternelle, la Parole rappelle que nous en sommes capables. C’était aussi le thème de la première lecture : la volonté du Seigneur ne nous est pas inaccessible. « Cette loi n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte » disait Moïse au peuple. Trop souvent, trop de personnes considèrent que la sainteté n’est pas pour eux. “C’est réservé à quelques êtres d’exception”, pense-t-on. Eh bien, les textes d’aujourd’hui disent exactement le contraire ! Les pères de l’Eglise disaient que l’homme est capax Dei (capable de Dieu). Chaque fois que nous sommes tentés de nous résigner dans la vie spirituelle, chaque fois que nous nous satisfaisons d’une médiocrité spirituelle, laissons la parole de Dieu nous remettre en question : nous sommes faits pour partager la vie divine, nous sommes faits pour être saints. 

Bien sûr, la sainteté n’est pas automatique, elle n’advient pas sans que nous nous impliquions. La première réponse de Jésus au docteur de la Loi est formée de deux questions. L’une est assez attendue : « Dans la Loi qu’y a-t-il d’écrit ? », mais la deuxième est beaucoup plus étonnante : « Comment lis-tu ? ». Jésus ne s’intéresse pas seulement à ce que l’autre sait, mais à ce qu’il comprend. Parce que tout écrit doit être interprété. Même les juristes savent qu’un texte peut être lu de manière différente. J’aime à rapprocher cette demande du Seigneur de l’affirmation qui conclut la première lecture : « cette Parole est dans ta bouche ». Il n’est pas dit qu’elle était dans un livre mais dans la bouche, donc elle doit être prononcée. Ne croyons pas que la compréhension de la Bible soit réservée à quelques savants. Peut-être de longues études permettent-elles de savoir plus, mais certainement pas de comprendre mieux. Bien sûr ça ne signifie pas qu’on puisse faire dire à la Parole de Dieu n’importe quoi, ni qu’on ait à inventer la volonté du Seigneur. Mais comme un musicien joue une partition pour que le talent de l’auteur se manifeste dans le talent de l’artiste, notre vie dit la Parole de Dieu. C’est pourquoi nous devons apprendre à la goûter, à l’habiter et à la fréquenter pour lui être toujours plus fidèle avec ce que nous sommes.

Mais il ne s’agit pas juste d’idées et de belles paroles. Si la Parole est dans ta bouche, dit Moïse, elle est aussi dans ton cœur. C’est ce que montre la deuxième réponse de Jésus qui est une question : « qui a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? ». Depuis bien longtemps on a remarqué que Jésus avait inversé les rôles. On lui avait demandé : « qui est mon prochain ? » et lui répond : « de qui es-tu le prochain ? ». Ainsi être le prochain n’est pas un état mais une action. D’ailleurs la réponse du docteur de la Loi est très belle : littéralement « celui qui a fait miséricorde » avec le verbe faire qui est très concret, qui signifie fabriquer, produire, agir. Non seulement Dieu nous estime capable de partager sa vie, non seulement il nous confie sa parole pour que nous la disions, mais en plus il s’en remet à nous pour l’accomplir. Puisqu’il s’agissait d’aimer, nous comprenons qu’on ne peut pas rester observateur, ni même observant mais que le Seigneur attend de nous que nous soyons acteurs. 

Ainsi, à travers la rencontre entre Jésus et le docteur de la Loi, bien au-delà de subtilités théologiques ou de manœuvres polémiques, nous découvrons combien nous sommes au cœur du plan de Dieu : Dieu nous attend. Il nous attend, au sens où il est le terme de notre vie et qu’il veut partager son éternité avec nous. Il nous attend, aussi au sens où il a besoin de nous pour que sa Parole retentisse dans le monde. Enfin il nous attend, au sens où il compte sur nous pour rejoindre ceux qui ont besoin d’être aimés et dont nous pouvons être le prochain. 

Que la Vierge Marie nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reine du Ciel, qu’elle nous encourage à désirer la sainteté puisque le Seigneur nous en sait capables. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à garder la Parole, non pas comme une bibelot qu’on préserve mais comme une fleur qu’on épanouit. Mère du Bel amour, qu’elle ouvre nos yeux à ceux que le Seigneur nous propose comme prochain et pour lesquels il nous a choisi et établi pour manifester sa grâce, et qu’ainsi nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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